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Les Romances pour violon et orchestre de Beethoven

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S’il est un genre musical source de plaisir et d’appréciation du beau son, ouvrant la voie à la dégustation rêveuse ou romantique, grâce à de courtes et élégiaques musiques, c’est bien la romance pour violon et orchestre. Pour accéder au dossier complet : Romance entre violon et orchestre

 

La romance pour violon et orchestre correspond fréquemment à un moment de pause ou de relaxation que s’accordent de grands créateurs. Le plus souvent, elles n’atteignent pas la profondeur d’inspiration ou l’ampleur d’originalité qui aident à caractériser les plus grands compositeurs et leurs chefs-d’œuvre mais offrent volontiers une décompression élégiaque, sensuelle, simple le plus souvent, mais riche d’un savoir-faire apte à charmer les diverses familles d’auditeurs.

Les origines de la romance remontent à la fin du XVIIIe siècle, à l’époque où lors de certaines représentations données à l’Opéra-Comique, des personnages chantaient leurs états d’âme. Le genre évolua lorsqu’il s’éloigna des théâtres pour gagner les salons bourgeois. Régulièrement alors, certains compositeurs élaboraient une musique intelligible, délicate et sensible destinée à accompagner et illustrer un poème pas toujours d’un niveau littéraire exceptionnel. Ultérieurement, le couple violon et orchestre détrôna en quelque sorte l’association voix humaine soliste et orchestre, et s’imposa dans les salles de concert. La mélodie exprimée par le violon, grâce à sa sonorité touchante et plus ou moins langoureuse, communiquait au public, au moyen de nuances sentimentales, toute une gamme de sensations où dominaient les émotions amoureuses, les fantasmes de l’intimité, les confidences cachées, les déceptions douloureuses ; en un mot, la romance susceptible d’entraîner l’auditeur dans un riche monde intérieur partagé ou non.

L’atmosphère de la romance se positionne majoritairement dans l’expression d’une mélodie en général intelligible et précise, souvent simple et percutante. Cette dernière période correspond à l’époque romantique et concerne une grande partie du XIXe siècle.

Ludwig van Beethoven (1770-1827) a élaboré un catalogue puissant et authentique susceptible de toucher profondément tous ceux qui entrent en contact avec les messages et beautés qu’il prodigue. Bien sûr, il ne rejeta pas de principe des pages plus légères, dansantes ou tout simplement belles. Proche de ce registre, il composa deux Romances pour violon et orchestre qui connurent un fort succès.

La Romance pour violon et orchestre n° 1 en sol majeur op. 40, probablement composée entre 1800 et 1801, sera éditée à Leipzig chez Hoffmeister et Kühnel en 1803. Elle est toutefois postérieure à la Romance pour violon et orchestre en fa majeur n° 2 op. 50 élaborée à l’automne 1798 et publiée en 1805 par le Bureau des Arts et d’Industrie de Vienne. Le violoniste virtuose Ignaz Schuppanzigh assura la création des deux Romances. Toutes les deux requièrent le même effectif orchestral assez modeste, à savoir une flûte, deux hautbois, deux bassons, deux cors et des cordes. Le thème principal de la Romance en sol majeur (n° 1) repose sur un Andante très lent qui n’est pas sans rappeler celui de la Symphonie « Pastorale » en fa majeur, op. 68, composée entre 1805 et 1808. Un dialogue s’instaure entre le soliste et l’orchestre suivant de nouvelles lignes mélodiques en majeur. Un thème secondaire vient en mineur. Cette pièce fut transcrite secondairement pour violon et piano.

Plus célèbre et plus souvent exécutée, la Romance en fa majeur (n° 2) se présente comme un Adagio cantabile de facture proche de la forme rondo. Le thème principal développe un grand sentiment lyrique repris ensuite par l’orchestre tandis que le thème secondaire affiche davantage d’énergie.

Ces deux œuvres délivrent un climat paisible et pondéré tout en mettant en valeur les pouvoirs expressifs du violon solo largement soutenus par les instruments de l’orchestre. Elles apparaissent au moment d’une période esthétique charnière qui s’avère correspondre à un éloignement patent de l’art classique d’un Mozart décédé peu de temps avant (en 1791) ce que semble confirmer l’élégance des lignes mélodiques et le jeu délicat entre les modes mineur et majeur. Elles participent à la marche en avant qui conduira au romantisme.

Les observateurs attentifs ont bien noté que la Romance n° 2 affiche une inventivité supérieure attribuée en partie à son caractère rhapsodique plus marqué. Paris appréciait alors le genre de la romance et le maître allemand espérait qu’il serait plus bénéfique qu’elle soit exécutée dans la capitale française. Il appuya le caractère cantabile afin de la rapprocher des inflexions de la voix humaine particulièrement recherchées et fêtées dans le cadre de l’opéra. Par ailleurs, cette Romance en fa majeur op. 50 possède également des traits plus personnels au compositeur. Le climat est majoritairement poétique et même chantant. Le dialogue confrontant violon soliste et orchestre se déroule dans une atmosphère discrètement pathétique et non dénuée de passion contenue.

Beethoven les publia volontiers, ce qui laisse à penser que selon son jugement elles étaient dignes de figurer en tant que partitions éditées et secondairement d’intéresser d’autres milieux musicaux. En effet, elles connurent et connaissent encore l’intérêt de nombreux instrumentistes parmi les meilleurs.

Les deux Romances constituent sans doute un acte préparatoire non négligeable au futur Concerto pour violon et orchestre en ré majeur, op. 61 qu’il écrira en 1806.

Conseils d’écoute : Patrice Fontanarosa (violon), Berliner Sinfonie-Orchester, dir. Michael Schønwandt, 1995, EMI Classics CD ; Gil Shaham (violon), Orpheus Orchestra, 1995, DG (et vidéo) ; David Oistrakh (violon), Royal Philharmonic Orchestra, dir. Eugene Goossens (DG) ; Renaud Capuçon (violon), Gewandhausorchester, dir. Kurt Masur (vidéo) ; Anne-Sophie Mutter (violon), Staatskapelle, dir. Manfred Honeck (vidéo)…

Pour illustrer musicalement ces Romances pour violon et orchestre, la discographie suggérée mais aussi les vidéos YouTube choisies offrent un choix très confortable et non exhaustif d’interprétations d’accès aisé pour faciliter la (re)découverte d’un catalogue agréable, souvent apaisant, presque toujours sentimental, justifiant une fréquentation renouvelée.

Crédits photographiques : Roland Daugareil, Orchestre de Paris © Mathias Benguigui Pasco and Co / Orchestre de Paris

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